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Quand le destin de la RDC hésite…

Joseph Kabila avait promis une annonce imminente sur le dialogue. C’était chose faite samedi 28 novembre, à la faveur d’une adresse courte et solennelle à la nation, au cours de laquelle le chef de l’état congolais a parlé de la convocation d’un dialogue national. Lundi 30 novembre, la radio-télévision nationale a lu une ordonnance datée du 28 novembre convoquant ce dialogue.

On sait désormais que le dialogue devrait se tenir à Kinshasa, sous la co-modération d’un représentant de la majorité et d’un autre issu de l’opposition, ainsi que l’accompagnement d’un facilitateur international.

Joseph Kabila a également institué un comité préparatoire paritaire, qui aurait la charge d’apprêter les outils indispensables à l’organisation du dialogue. Quant à l’ordre du jour, il a indiqué que ce dernier porterait principalement sur l’organisation d’un processus électoral apaisé, complet, inclusif, crédible et conforme aux standards internationaux et sur toutes les questions connexes au processus électoral. Joseph Kabila a précisé, comme orientation générale du dialogue, que les Congolais devraient «engager une réflexion sur un système électoral avec des modalités de vote peu coûteuses comme c’est le cas dans d’autres pays».

La question qui a ému le microcosme politico-médiatique est évidemment celle de savoir comment changer de modalités de vote sans réviser la constitution elle-même, au risque d’enflammer tout le pays.

En attendant, l’argument du «procès d’intention» généralement brandi par la majorité a volé en éclats, offrant un nouvel espace de manœuvre à une opposition soudain déchaînée. Vital Kamerhe de l’UNC s’est insurgé contre le coup d’Etat constitutionnel. Il en est de même d’Eve Bazaïba du MLC, de Joseph Olenghankoy des Fonus, pour ne citer que ces trois. Dans la foulée, la «Dynamique de l’opposition» a récusé le «glissement» vers une 4ème République qui permettrait à l’actuel locataire du Palais de la Nation de se représenter indéfiniment. Une position à laquelle s’est naturellement associé le G7, les deux plateformes promettant des actions communes d’envergure pour, disent-elles, sauver la démocratie.

Des projets qui viennent s’ajouter à ceux de l’Eglise catholique, dont la déclaration du 24 novembre dernier annonçait l’organisation des neuvaines de prière dans toutes les paroisses à dater du mois de décembre 2015, ainsi qu’une grande marche sur toute l’étendue du territoire national le 16 février 2016.

Last but not least, l’Udps a également menacé de ne pas participer au schéma du dialogue tel que préconisé par Joseph Kabila, à qui le parti d’Etienne Tshisekedi dénie le droit de convoquer le dialogue en lieu et place du facilitateur à désigner par le secrétaire général de l’ONU. L’Udps accuse en outre Joseph Kabila de ne pas être clair sur le respect des délais constitutionnels et d’avoir tendance à déterminer seul l’ordre du jour des assises.

Contrarié, le gouvernement par la bouche de son porte-parole a cependant fait profil bas, proférant positiver, et se convaincre qu’Etienne Tshisekedi n’a pas fermé la porte du dialogue. Il est vrai que dans un contexte où le gros de la troupe de l’opposition a tendance à se radicaliser, la caution de l’Udps aiderait incontestablement à crédibiliser tant soit peu le dialogue. A charge, pour l’opposition historique, de ne pas en sortir, comme toujours, l’éternel dindon de la farce, trahie aussi bien par ses propres enfants que par le pouvoir.

Ou que la rue chauffée à blanc ne s’avise pas de rappeler à tous les acteurs à quel point elle demeure souveraine et imprévisible. Le destin de la RDC est en ballottage.

 

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